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Couverture du quotidien La Capitale du 6 décembre 2010

Page 4 du quotidien La Capitale du 6 décembre 2010. Pour lire cet article CLIQUEZ sur l'image.

L'auteur de cette chanson anti-musulmane retrouvé par RésistanceS.be

Après la publication de cet article de La Capitale, le chanteur bruxellois populaire le Grand Jojo, cité dans celui-ci, a nié tout lien avec cette chanson et l'extrême droite. Pendant ce temps, RésistanceS.be a retrouvé la trace de son véritable auteur. Proche du milieu artistique du Grand Jojo, il s'agit d'un certain Désiré Deldicque, alias « Micky Day » et « Micky Deldicque ». Né en 1929, il fréquente très vite le milieu du show-business de la capitale. Micky Deldicque dirige des orchestres, comme celui des Caravelles dans les années soixante.

Union pour une nouvelle démocratie
Politiquement, il est lié dès le début des années quatre-vingt à la mouvance raciste bruxelloise qui s'anime dans l'ombre de feu Roger Nols, alors bourgmestre populiste de Schaerbeek. Deldicque milite en particulier au sein de l'Union pour une nouvelle démocratie (UND), un petit parti politique belge partisan déjà de Jean-Marie Le Pen, le président du Front national français. Selon des documents de l'UND en possession de RésistanceS.be, le chansonnier bruxellois est même le responsable de ce parti dans la commune de Saint-Gilles. En 1985, il va figurer en deuxième place sur la liste de l'UND déposée pour le Sénat aux élections législatives. Son slogan électoral est : « Face à l'insécurité et l'immigration abusive ».

C'est à l'époque de l'UND que Désiré Deldicque interprète la chanson raciste en question. Produit sur un 45 tour, elle sera distribuée, dans une pochette ornée du logo de l'UND, dans plusieurs cafés populaires de Molenbeek, de Schaerbeek, du quartier des Marolles... Et « tournera régulièrement à fond » dans leur jukebox, selon un témoin de l'époque retrouvé par RésistanceS.be.

Front national, puis Vlaams Blok
Dans les années nonante, Désiré Deldicque rejoint le Front national de Daniel Féret, lui aussi ex-responsable éphémère de l'Union pour une nouvelle démocratie. Le chanteur folklorique ambitionne de conduire la liste schaerbeekoise du parti d'extrême droite lors des élections communales de 1994. Cela ne sera pour finir par le cas. Avec plusieurs autres frontistes, suite à des conflits internes au FN, il adhère au milieu des années nonante au Vlaams Blok. Dans Vérités bruxelloises, le mensuel des francophones du VB, il se charge d'une rubrique mensuelle, la « Chronique d'Absurdie ».

Pour les élections communales de 2000, l'ex-frontiste nationaliste belge se retrouve premier suppléant sur la liste déposée à Schaerbeek par le parti d'extrême droite flamand. Elle est conduite par Johan Demol, l'ex-commissaire de cette commune bruxelloise passé à l'extrême droite, après son exclusion de la police. En 2006, suite à la démission d'un élu du VB, Désiré Deldicque est désigné conseiller communal pour les derniers mois de la législature.

Retour au FN
En 2004, avec d'autres francophones du Vlaams Blok en rupture avec Johan Demol, il était cependant déjà repassé au Front national. Aux élections régionales de 2004, Désiré Deldicque figure en quinzième place sur la liste bruxelloise du FN. Il mettra aussi sa plume au service du journal du Front, Le National. Récemment, il avait toujours des contacts « amicaux » avec certains leaders d'extrême droite, notamment avec Emanuele Licari di Castel Mola, l'ancien dirigeant du Front national des jeunes (FNJ) qui aujourd'hui, après un passage de courte durée au mouvement néofasciste Nation, est revenu dans les rangs du FN « canal historique ».

Ce parcours politique, bien marqué à la droite de la droite populiste et raciste, explique dès lors les motivations de l'auteur de cette chanson anti-musulmane de 1985, évoquée le 6 décembre dernier par le quotidien La Capitale, suite à sa «renaissance» cette année sur Internet.

Manuel Abramowicz
Bruxelles, 17 décembre 2010