Le MRAX ne doit pas disparaître !

Appel à la Ministre Fadila Laanan et à tous les antiracistes

Le MRAX ne doit pas disparaitre !


Le Mouvement contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie (MRAX) est au cœur d'une crise interne importante. Cette situation a donné lieu à l'émergence de critiques extérieures, souvent émises sur la place publique par d'anciens permanents, membres et militants du Mouvement (dont des signataires du présent appel). Ces critiques sont justifiées à propos de la gestion interne de son équipe de permanents et d'orientations prises, depuis 2004, par cette organisation antiraciste, modèle et pilier historique en Belgique de la lutte pour la défense des minorités étrangères et issues de l'immigration.


La « mouvance anti-MRAX » :
droite populiste et extrême droite !


Le MRAX est également la cible de plusieurs campagnes dénigrantes, diffusant et cultivant de mauvaises et déformées informations à son sujet. Le but de ces campagnes de propagande vise son contrôle par les autorités politiques, sa main mise institutionnelle et pourrait déboucher sur sa liquidation pure et simple.

Force est de constater que ces campagnes sont organisées et soutenues par des « personnalités politiques » et des « personnalités » venant de la « société civile » : des élus du Mouvement réformateur de Charles Michel, des individus ayant tenus des discours clairs et précis visant les immigrés, des membres du Parti populaire, des dissidents racistes de celui-ci, l'un ou l'autre activistes issus d'une pseudo « gauche sécuritaire », mais convertis à une doctrine néoconservatrice maccarthyste ...

Parmi les anti-MRAX autoproclamés se trouvent encore des personnes inconnues des combats contre le racisme, qui n'ont jamais manifesté leur engagement actif et même passif dans la lutte contre le racisme et dans le soutien aux victimes des discriminations. D'autres sont directement liées à une droite populiste et à une mouvance belge partisane inconditionnelle du gouvernement israélien, y compris quand il est composé par des formations d'extrême droite raciste ! Dans la « galaxie anti-MRAX », il s'agite encore des individus bien connus de l'extrême droite belge, proches souvent des restes du Front national ou de groupuscules fascisants, racistes et antisémites !

Ces opposants acharnés du Mouvement contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie ont par ailleurs, outre des articles du Vif/L'Express, pour tribune médiatique Père Ubu, un journal d'ultradroite populiste connu pour son obsession de « l'islamisation de la Belgique » et fort apprécié, comme par hasard, par l'extrême droite.

La « mort du MRAX » programmée

Si nous aussi, estimons que certaines orientations du MRAX prises depuis 2004 par son désormais ex-président peuvent et doivent être vivement critiquées, nous estimons cependant qu'il est impératif que ce mouvement antiraciste puisse poursuivre, de façon indépendante et pluraliste, son combat.

En effet, la « mort du MRAX » - vivement souhaitée ou suscitée par la mouvance décrite ci-dessus - serait une victoire pour les forces politiques rétrogrades (y compris pour les intégristes religieux et les communautaristes) développant d'une manière ou d'une autre un discours visant explicitement les populations étrangères pour expliquer que la société multiculturelle est un échec. De plus, la destruction du MRAX serait un service directement rendu à l'extrême droite, mais également à ceux qui tentent de récupérer, à des fins électorales, son électorat...

Anciens membres, militants, proches ou partisans de la survie du MRAX, nous appelons donc les autorités de la Communauté française, en particulier la Ministre Fadila Laanan, à permettre au MRAX de poursuivre, fidèle à l'héritage de ses fondateurs et à son objet social, le combat contre tous les racismes, pour l'amitié entre les peuples et pour une Belgique plurielle où le vivre ensemble soit possible, sans haines et sans discriminations.

Nous espérons aussi que l'équipe actuelle des travailleurs du MRAX puisse avoir des garanties sur la pérennité de leur contrat de travail et que tout licenciement soit évité.

Nous souhaitons enfin que la nouvelle présidence du Mouvement contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie, élue le 14 février dernier, mettra rapidement fin à la crise qui le frappe depuis trop d'années désormais et reparte sur des bases solides pour pouvoir développer, à nouveau, un mouvement antiraciste populaire, autonome, efficace, pluraliste et de masse. Toutes les victimes des racismes, qui s'expriment toujours quotidiennement en Belgique dans divers secteurs de la société (à l'école, sur le marché de la recherche d'un emploi, au travail, sur les lieux de loisir, dans la location immobilière, dans la rue, dans le monde politique...) doivent pouvoir continuer à compter sur le travail du MRAX, aujourd'hui comme demain.

Sans angélisme ni diabolisation, nous resterons critiques et vigilants à l'égard de l'évolution du MRAX sous la conduite de son nouveau président.


Signataires du présent Appel (à la date du 3 mars 2011) :


Manuel Abramowicz
Militant, permanent puis membre du CA du MRAX (entre 1987 et 1991), travailleur au Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme (de 1996 à 2008) et auteur, notamment, du premier livre sur l'extrême droite et l'antisémitisme de 1945 à nos jours (éditions EVO, 1993).

Nicolas Ancion
Romancier originaire de Liège, notamment auteur de « L'homme qui refusait de mourir » (éditions Dis Voir, 2010), « L'homme qui valait 35 milliards » (éditions Luc Pire, 2009), « Écrivain cherche place concierge » (Luc Pire, 1998), « Ciel bleu trop bleu » (éditions de l'Hèbe, 1995)...

Alain Daems
Ancien député régional. Membre de l'UPJB

Jean-Pierre De Staercke
Journaliste, ancien
des périodiques antifascistes Article 31 et Celsius.

Simon Gronowski
Évadé du 20
e convoi de déportation vers le camp d'extermination d'Auschwitz, ancien président de l'Union des Déportés Juifs de Belgique, avocat.

Vincent Engel
Écrivain et professeur à l'IHECS et à l'UCL, notamment auteur du livre «
Pourquoi parler d'Auschwitz ? » (éditions les Epéronniers, 1992).

Johan Leman
Président de l'asbl Le Foyer (centre socio-culturel bruxellois d'intégration des populations d’origine étrangère), professeur d'université à la KU-Leuven et ancien directeur du Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme.

Bruno Poncelet
Ancien coordinateur du MRAX

Gérard Preszow
Membre du comité de l'Union des progressistes juifs de Belgique (UPJB)

Noémie Schonker
Coordinatrice du mouvement de jeunesse de l'UPJB

Cedric Tolley

Ancien membre du MRAX

Henri Wanjblum
R
édacteur en chef de « Point critiques », la revue mensuelle de l'UPJB, militant antiraciste et pour la défense des demandeurs d'asile .



Débat au et organisé par le MRAX, au début des années nonante, avec Bruno Vinikas, alors Commissaire adjoint du Commissariat royal à la politique des immigrés (ancêtre de l'actuel Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme). Sur cette photo également : Madame Jospa (cofondatrice du MRAX, ici à l'extrême gauche), Manuel Abramowicz (animateur du débat, à côté de Bruno Vinikas)...